Jean-Luc Taccard est né en 1955. Il commence sa carrière musicale à 14 ans comme bassiste avec des copains de lycée, Patrick Suty et Gérard "Gégé" Offley entre autres. Leur premier groupe , Damned Soul, se contente de reprendre DEEP PURPLE, BLACK SABBATH, DOORS, WHO…. Les premiers concerts se passent dans le lycée viticole de Beaune. Puis ils changent leur nom en Vulcain avec l'arrivée de Patrick Colin. Patrick Suty est remplacé par Alain Blanc puis revient un peu plus tard dans le groupe. Vulcain faisait partie des groupes les plus connus et suivis en Bourgogne. Ils étaient embauchés par les bals Coullenot. Cette famille de Beaune avait aussi un magasin d'instruments de musique et c'est là que Jean-Luc trouvait de quoi s'équiper musicalement. Ils étaient tous de la classe 55 et Vulcain a disparu lorsque le premier d'entre eux a été appelé sous les drapeaux. En revenant de l'armée, Jean-Luc a joué quelques semaines dans un groupe de bal, histoire de se refaire la main, puis dans un groupe sudiste reprenant du LYNYRD SKYNYRD et ALLMAN BROTHERS prendant trois mois. Ensuite il devient disc-jockey dans une boîte à Beaune.

 

Dans sa soif de découvertes incessantes, Jean-Luc a pris en pleine face l'explosion punk et les arrivées foisonnantes de disques plus bruts les uns que les autres. On est en 1977 et il décide de créer un pseudonyme. C'est la naissance de LUCAS TROUBLE. Pour l'heure, il ne sait pas quoi en faire. La période punk fut un ouragan et dès 1978 Lucas s'est tourné vers la new wave et la cold wave. Il s'est mis à travailler avec des synthés, une boîte à rythme et à ajouter des hurlements incantatoires à ses premiers essais sur bande. C'est alors qu'il a commencé à composer et à enregistrer seul ou avec ses potes musiciens, menants différents projets simultanément. Il a beaucoup sollicité Gégé qui avait un magnétophone Akaï 2 pistes avant de s'offrir un Revox 2 pistes puis un Teac 4 pistes. Avec le concours de Gégé, il a fait une maquette avec quelques titres pour la première fois sous le nom de LUCAS TROUBLE. Il était monté à Paris avec sa vieille Simca 1000 toute rouillée pour voir les labels et les canards de l'époque comme Best et Rock & Folk. Chez Flamingo Records, il a laissé une cassette à un type qui tenait la boutique de disque du label et qui lui a dit : "Je vais la donner au responsable du label et il te contactera si ça lui plaît". Il avait aperçu un gros moustachu qui fumait le cigare dans un bureau derrière mais il ignorait que c'était lui le boss, sinon il aurait été le voir directement. En fait, c'était Patrick Mathé qui allait bientôt créer le label New Rose. Evidemment le vendeur ne lui a jamais donné la demo et des années plus tard Patrick Mathé lui a confié : "Tu sais, il y a un disque de toi que j'aurais aimé sortir à l'époque, c'est "El Verolo". Il rencontre Philippe Fichot qui était en train de créer son label Bain Total et son projet musical DIE FORM.

Ce premier disque de LUCAS TROUBLE, un 45 tours, est sorti finalement sur ce label sous la référence EP.004 en 1980 avec un bien moindre impact que si ça avait été chez New Rose. En Face A, il y a "El Verolo" histoire d'un petit mutant avec un son lourd et des trémolos rétros et en face B "Miss Syphilis" avec une voix distordue entrecoupée de cris et de borborygmes avec un fond sonore cyclique. Lucas n'a jamais regretté son choix car ce disque a bénéficié d'une aura underground un peu mythique qu'il disait lui avoir convenu. Gégé a participé à l'enregistrement de ces deux morceaux. La même année, trois titres figurent sur la compilation "International Compilation 1" , "La Préparation à la Cérémonie", "Suicide Dance" et "La Vallée". Puis une cassette très rare est éditée en 1981, "Théâtre Cruel", une musique pour une pièce de théâtre "Euphoric Poubelle". La même année sort l'album "Le Roy Défiguré" chez Scopa / Invisible Records, enregistrés entre 1977 et 1980 avec Alain Blanc (batterie), Gérard "Gégé" Offley, Patrick Martin, Emmanuel Aigueperse (guitare), Jacques de Goujac (basse), Patrick Xolin (claviers), bien sûr Jean-louis Taccard (claviers) et Eric Falce , qui est également dans TANGO LÜGER…. L'histoire continuera pour LUCAS TROUBLE jusqu'en 2016, date du décès de Jean-Luc. Il ne faut pas oublier évidemment le sudio de la Gravoine, ni le Kaiser Studio, où il enregistra de très nombreux artistes et groupes sans oublier ses nombreux combos, comme les VIETNAM VETERANS et HYMN.

Cette page a été écrite grâce au livre de Syned Tonetta "Lucas Trouble" - "L'empereur du son analogique" édité chez Camion Blanc. Merci à Emmanuelle Taccard et Eric Falce.